Quelques jours extrêmement pénibles et angoissantes.. Très certainement les pires de toute ma vie entière.. Être dans l'incertitude, dans le flou, dans l'attente, à chercher un peu d'espoir et de réconfort malgré la situation horrible qui nous accapare l'esprit.. La disparition d'Andrea avait été une source anxiogène, moi qui étais déjà sujette au crise d'angoisse, j'avais été servie. J'étais épuisée physiquement car le fait de ne pas savoir ce qu'il était advenu de lui durant tout ce temps, m'avait empêché de trouver le sommeil et psychologiquement  car les pensées négatives n'avaient elles cessé d'hanter mon esprit, refusant de me laisser ne serait-ce que cinq minutes de répit. Tout ce cauchemar, je l'avais très mal vécu et j'avais l'impression d'avoir une part de responsabilité dans toute cette affaire. Le jeune coréen avait finalement été retrouvé et je remerciais du plus profond de mon coeur toutes les personnes qui avaient répondu présentes pour chercher le jeune homme à cinq heures de route de la petite ville campagnarde. Je voyais une fois de plus à quel point Cranstown était un endroit incroyable, remplie de personnes bienveillantes qui étaient toujours prêtes à aider son prochain. Certes, il y avait la présence de Disaster mais il n'enlevait en rien la solidarité qu'éprouvait tous ses habitants. Fort heureusement, et grâce à ma meilleure amie, le jeune randonneur avait été transféré. Nous avons pu nous rendre à Cranstown très rapidement en hélicoptère. Je n'avais pas dit grand chose durant le trajet, tout ce que je voulais, c'était savoir comment il allait. Arrivé à l'hôpital, il avait été très vite pris en charge. J'avais dû patienter en salle d'attente d'avoir des nouvelles de mon petit ami. J'étais soulagée de le revoir mais si en colère contre lui dans le même temps. Il m'avait fait tellement peur. Je m'étais tellement inquiétée, je pensais le retrouver mort quelque part, seul, sans personne avec lui. En repensant à toutes ces idées noires, ma main vint rejoindre ma bouche, tentant d'étouffer le bruit que j'étais susceptible de faire, éclatant en sanglot. Je ne pouvais plus vraiment me retenir même si j'avais déjà pleuré dans cette forêt lorsqu'ils annoncèrent l'avoir retrouvé. C'était le trop plein de tout qui s'exprimait et j'avais grandement besoin d'évacuer. Quelqu'un finit par venir me voir. Le Dr. Thorne, chirurgien orthopédique qui avait été là pour les recherches. Il me parla un peu des blessures d'Andrea et de tout ce qui en découlait. Il se montra gentil et compatissant et me proposa d'aller voir le jeune coréen. Il était en salle de réveil. J'entrais et me mis assise à ses côtés. Il était encore endormi, pas étonnant avec tout ce qu'on avait du lui donner. Je le regardais, les larmes aux yeux. Je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer, pourtant j'essayais. Je ne voulais pas qu'il me voit dans cet état mais visiblement, j'étais incapable de contrôler mes émotions. Je m'asseyais sur le lit avant de caresser sa joue puis le haut de son crâneavant de fermer les yeux et de dire pour moi-même. Merci seigneur, de me l'avoir rendu.. avant d'ajouter simplement en continuant de le regarder avec douceur bien que je sois colère. Tu n'iras plus jamais en randonnée, plus jamais!

@Andrea Kim

Se perdre en randonnée n'avait pas été si agréable finalement. Certes, j'avais réussi à survivre tout seul mais je me sentais complètement fatigué et courbaturé et surtout je savais déjà que j'allais devoir prendre du repos parce que ma cheville à pris cher dans ma chute. J'avais quelque peu baissé les bras quand je voyais les jours passer mais que personne ne me trouvait, l'espoir était revenu quand j'avais entendu des voix même si au départ, je pensais que j'hallucinais. Le retour à la vie m'avait fait plaisir mais la gifle que Nico m'avais mise m'avait quelque peu fait redescendre de mon nuage. Je comprenais sa colère envers moi et c'était pour ça que je ne lui dirais pas que j'avais délibérément choisi de ne pas suivre le chemin balisé. Elle avait eu peur et c'était normal et dans un sens moi aussi j'avais eu peur. Peur de mourir seul dans un endroit que je ne connaissais pas. J'aurais pu mourir cent fois quand je faisais conneries sur conneries mais ça n'était jamais arrivé pourtant, seul dans ce ravin j'avais bien cru que ma dernière heure était arrivée mais en soit je me disais que je serais mort en faisant une des choses que j'aimais le plus au monde.

Quand on m'avait récupéré, j'avais commencé à fermer les yeux parce que je ne rêvais que d'une chose dormir correctement dans un lit. J'entendais la voix de Nico dans mon rêve, elle disait merci à je ne sais qui pour être en vie puis qu'elle ne voulait plus jamais que j'aille en randonnée. Je souris en me disant que c'était bien le genre de Nico de dire de telles inepties. Pourtant en ouvrant doucement les yeux, je la vis assise sur le lit, les larmes aux yeux. Je n'avais donc pas rêvé.

- Pleure pas princesse, je suis là. Dis-je doucement, les yeux à moitié ouvert avec une voix endormie. - Pour le moment, je sens que je ne pourrais pas y retourner en randonnée, donc pas de quoi t'inquiéter Nico.

Je levais un peu la tête pour regarder ma jambe. J'avais envie de pleurer parce que j'avais peur qu'on ait pas réussi à sauver mon pied.

- Les médecins ont dit quoi pour ma cheville? Pour le moment c'était tout ce qui m'importait. Je voulais juste savoir si on avait réussi à sauver mon pied. Je voulais savoir si j'allais avoir un handicap à vie ou non.

@Nicolàa S. Mills-Leopold

Quelle angoisse! L'un des pires moments de ma vie. Je n'aurai souhaité à personne ne vivre un tel moment, même pas à mon pire ennemi si j'en avais eu un. L'attente, l'incertitude, la peur, les pensées sombres, et tout le reste.. Une vraie torture psychologique. En tout cas, à présent, le cauchemar était terminé. Andrea était bel et bien en vie, amoché certes, mais en vie! Je ne pouvais pas dissimiler à quel point j'étais en colère contre lui, il m'avait fait peur d'une manière horrible. Cela ne devait pas me surprendre pour tant, il avait l'habitude de ne surtout pas réfléchir à ses actions et que ces dernières pouvaient avoir des répercussions et cela plus que sur lui seul mais sur moi aussi! Il devait se mettre dans le crâne que ce n'était plus lui contre le monde entier, il devait prendre en compte que nous étions deux désormais, il devait penser à moi avant de faire une de ses brillantes conneries. Pour le moment, j'étais reconnaissante qu'il soit en bonne santé malgré qu'il ait été retrouver avec quelques "irrégularités" sur le corps. J'étais assise sur son lit d'hôpital, caressant certaines parties de son visage pour me rassurer. Même tout égratigné, il restait beau mon petit coeur.. Mais je me garderai bien de lui dire car il restait un parfait abruti! Visiblement, je l'avais réveillé. Je vis ses yeux s'entrouvrir accompagné de ses quelques mots. J'essuyais mes larmes d'un revers de la main mais elles continuaient à couler malgré moi. Il reprit vite la parole et je soupirai.. Si c'était de l'humour ou un semblant de sarcasme mal employé, ça ne me faisait vraiment pas rigoler.. Tu m'as fait peur, Andrea!! Dis-je d'une petite voix, certes, mais froide. Je le regardais bouleversé. Il était préoccupé par sa cheville et me demanda ce qu'avait dit les médecins. Je soupirais légèrement. Visiblement, tu t'en es pas trop mal sorti. Tu as une fracture donc pas d'opération. Tu vas devoir être plâtré pour six semaines et ensuite porter une espèce de botte et rester au repos. Il s'en sortait vraiment bien pour le coup. Tu es aussi très déshydraté d'où la perfusion.. Mais sinon, ça va, tu as juste des égratignure ici et là. Je déglutis. maintenant qu'il connaissait les nouvelles, je voulais des explications. Alors, tu vas me dire ce qui s'est passé là-bas? Pour l'instant, je jouais la carte de la fille plus ou moins calme sinon j'allais hurler et tout l'hôpital m'entendrait.

@Andrea Kim

J'étais un peu fatigué, j'aurais aimé encore dormir un moment mais j'avais senti Nicolàa près de moi et je voulais absolument la voir et lui parler. Certes, elle m'avait donné une gifle mais je suppose que c'était ce que je méritais après autant de jours seul dans la nature et sans avoir été capable de lui donner la moindre nouvelle. Elle devait m'en vouloir et je la comprenais, elle avait même du avoir peur. Je m'étais senti seul et j'avais eu le sentiment que personne ne viendrait me chercher, pourtant je n'aurais jamais du douter de ma petite amie. Elle n'aurait jamais lâché l'affaire tant que je ne serais pas rentré à la maison.

- Je suis désolé.

Lui dis-je seulement. Je ne savais pas trop quoi lui dire, après tout, c'était de ma faute et celle de personnes d'autres. J'avais merdé mais j'allais devoir extrapoler un peu concernant la vérité si je ne voulais pas mourir des mains de Nicolàa. Je lui avais demandé ce que j'avais et quand elle se mit à m'expliquer, je ne pus m'empêcher d'ouvrir de grand yeux.

- SIX SEMAINES??? Mais je vais faire quoi pendant six semaines?

J'étais choqué. Je n'allais pas pouvoir rester six semaines sans faire de sport et je me doutais qu'avec la botte que j'aurais plus tard je ne pourrais pas faire ce que je veux. Je reposais ma tête violemment sur l'oreiller. Non je ne pouvais pas rester dans ce plâtre miteux pendant aussi longtemps. Je jetais un oeil à mon bras puis à la perfusion avant de reporter mon regard sur ma petite amie.

- Y'a pas un autre moyen que le plâtre? Non parce que six semaines c'est pour me tuer Nico.

Elle n'y pouvait rien et probablement que le médecin non plus. Je m'en voulais d'être un con, si je n'avais agi comme un abruti, je n'en serais pas là.

- Je me suis perdu, je suis arrivé sur un chemin qui n'était plus balisé et impossible de m'y retrouver et au moment ou j'ai retrouvé le chemin, j'ai glissé comme un clochard et je me suis retrouvé dans le ravin.

Dis-je en soupirant. Évidemment, j'omettais de dire que le chemin non balisé je l'avais pris délibérément, j'étais con mais pas à ce point.

- C'est toi qui a organisé les battues?

@Nicolàa S. Mills-Leopold

Il avait beau se trouver dans ce lit d'hôpital parfaitement allongé et bien vivant, j'étais malgré tout bouleversé.. bouleversée par cette expérience traumatisante et effrayante. J'étais à des années lumières d'être une fille forte et courageuse qui savait cacher ses sentiments ou les ignorer le temps de sauver les apparences. J'étais le genre à les exprimer sans attendre et peu importait au combien je luttais pour ne pas paraitre si faible. Mais voilà, j'avais eu tellement peur de perdre le jeune métis et l'entendre prendre les choses à la légère, me mettait vraiment en colère. Il s'excusa rapidement face à ma réaction froide mais cassée par un visage rempli de larmes. Je faisais abstraction de mon état, de toute façon, j'étais bien trop souvent émotive, je finirai bien par me calmer à un moment donné. J'avais cependant essuyé mes joues mouillées juste avant qu'il ne me demande des nouvelles de son état. Il semblait très concerné ce qui ne m'étonnait pas un seul instant. Je le soupçonnais de vouloir déjà retourner dans les bois à apprécier cette nature qui l'avait conduit tout droit dans ce lit d'hôpital! A peine lui avais je dit ce qu'il en était que sa réaction ne se fit pas prier! Il était loin d'être ravi. J'aurai pu le parier.. Qu'est-ce que tu espérais, être sur pieds d'ici deux jours? Je soupirais grandement en le regardant se remettre de façon un peu brusque sa tête sur l'oreiller. Il n'était pas heureux d'entendre cette nouvelle qui pour moi était une vraie bénédiction.Je comprends pas ta réaction, ça aurait pu être plus grave que ça, tu t'en rends compte ou t'es complètement aveuglé par ta putain de rando?! Oui, je m'énervais déjà après lui mais il me donnait des raisons de l'être et c'était agaçant! Je soupirai une nouvelle fois avant de me rapprocher de lui et mettre mes mains de part et d'autre de son visage en étant un poil plus calme. Ecoute, P'tit coeur, tu vas te reposer, d'accord? Tu vas prendre du temps pour toi à l'appartement et je ne sais pas, tu pourrais réviser la partie théorique de tes cours? Lire des bouquins et plein d'autres choses stimulantes sans forcer sur son pied. Je savais que ce n'était pas son truc mais il allait devoir s'adapter pendant les six prochaines semaines et surement plus encore. Je voulais savoir ce qui s'était passé, pourquoi est-ce qu'il s'était retrouvé dans cette situation. Tu t'es perdu? Vraiment? Je croyais que c'était ton truc la randonnée, que tu savais ce que tu faisais.. Je fronçais les sourcils. Je croyais qu'il était doué pour ça que c'était un genre d'expert pas un amateur. Je ne pouvais vraiment pas le laisser retourner faire ce genre de chose sans qu'il soit sous la supervision d'un pro et même ça, j'aurai bien trop peur. Non, valait mieux qu'il se trouve un autre hobby. Oui et non.. C'est Max qui m'a donné l'idée de contacter la Gazette parce que la police ne se bougeait pas suffisamment à cause de tes antécédents. Et certains habitants sont venus donner un coude main et j'ai beaucoup apprécié. Ca m'a un peu soulagé de voir toute cette solidarité. C'est réconfortant. Je suis vraiment contente qu'on t'aie retrouvé, j'aurai pas pu supporter de te perdre, Andy..

@Andrea Kim