22/02

Bon. Je dois me rendre à l'évidence, j'ai la cheville pétée et je suis perdu comme un connard de débutant. Je ne sais pas ou je suis et ma boussole c'est cassée quand je me suis ramassé la gueule par terre. Je ne suis pas tombé de haut, on peut même dire que j'ai glissé comme une merde. Je suis tombé ce matin en voulant prendre un chemin non balisé et je comprends mieux pourquoi je ne devais pas m'y aventurer, c'est dangereux. J'ai fais le malin et me voilà dans le ravin. Je m'installe donc du mieux que je peux et je m'attend donc à passer la nuit ici alors que j'aurais normalement du être à la maison avec le petit. J'ouvre mon sac, j'ai encore des barres de céréales mais je ne sais pas quand on va me trouver. Enfin faudrait déjà que quelqu'un parte à ma recherche mais je me dis que Nico si elle n'a aucune nouvelles de ma part va s'inquiéter. En attendant, je vais devoir me rationner aussi bien en nourriture qu'en eau. J'ai vu le film 127 heures et je sais qu'en cas de besoin je peux boire ma propre pisse. Ma cheville me flingue, faut que j'arrive à faire en sorte de récupérer la circulation dedans. J'ai lu tout les guides de survie possible mais je ne m'attendais pas à le faire si tôt dans ma carrière de randonneur. Bon, j'ai pas le choix si je veux garder mon pied je vais devoir faire ce que j'ai appris. Je prend un de mes t-shirts et je mords dedans au moment de remettre ma cheville à sa place. Je hurle comme un gamin mais au moins c'est fait. Je ne vais pas pouvoir marcher dessus donc il est clair que je vais devoir garder mon joli petit cul ici. Même si je suis dégouté, je suis aussi un peu excité parce que je vais pouvoir mettre en pratique ce que j'ai appris.

Je regarde l'heure, heureusement que j'ai ça. On est mercredi 22 février et il est 19h47. Je m'installe pour la nuit et je bois un peu d'eau. Je sais déjà que Nico va me tuer quand je vais rentrer, elle qui déteste la nature va encore plus la haïr. Moi par contre, je ne pense pas que cela puisse arriver.

23/02

Il est presque 17 heures et je suis toujours au même endroit que la veille. J'aimerais bouger mais ma cheville me fait un mal de chien. Je sens que Nico est inquiète et j'aimerais lui dire que ça va malgré tout mais je ne peux pas, je n'ai aucun réseau dans cet endroit. Je rationne mon eau et mes barres de céréales vu que je ne sais toujours pas quand je vais sortir d'ici. J'ai au moins réussi à allumer un feu et à le mettre à l'abri pour éviter qu'il ne s'éteigne au cas la pluie déciderait de tomber. Je n'ai pas eu froid, j'ai une grosse veste et mon sac de couchage. Je sais pas trop quoi faire, je joue un jeu qui ne nécessite pas internet, dieu merci mais ça aussi je dois faire attention, je ne voudrais pas vider toute la batterie. J'ai crié pour dire que j'étais là avant de me souvenir que j'avais pris un chemin non balisé et que personne ne viendrait par ici. Voilà ce qu'il se passe quand on veut jouer les casse cou, on se retrouve dans la merde. Est-ce que cette expérience va m'empêcher de recommencer? Pas du tout. Je sais que je devrais prendre du repos à cause de ma cheville mais une fois sur pied, je repartirais à l'aventure. Enfin bref, je vais encore passer la nuit ici.

24/02

Ca fait maintenant trois jours que je suis coincé ici et je ne sais vraiment pas si quelqu'un compte venir me trouver. L'expérience aurait pu continuer d'être sympa mais je commence à fatiguer et à penser que je vais peut-être crever tout seul dans la nature. Ca serait une belle mort certes mais je préfèrerais mourir à cause de la vieillesse plutôt que comme ça. Il ne me reste quasiment plus d'eau et je dois maintenant couper mes barres de céréales en petit morceaux juste pour continuer d'avoir un truc dans l'estomac. Je commençais à me dire que j'avais hâte de rentrer chez moi et de me mettre au lit parce que bon le sac de couchage c'est sympa mais il y a zéro confort. J'ai mal au cul à cause des cailloux. Je ne perds pas espoir mais l'attente est longue mais je n'ai aucun doute sur le fait que ma chérie à prévenu les secours et que ce n'est qu'une question d'heures (jours même peut-être) avant qu'on trouve ma grosse tête. Heureusement j'ai un petit feu qui me tient un peu chaud mais j'en ai marre surtout parce que ma cheville à gonflé encore un peu plus, ça sent le plâtre ça et donc qui dit plâtre dit pas de randonnée ni de sport tout court. Bref, j'espère qu'on va vite me retrouver.


25/02

Quatrième jour de survie et je commence à en avoir marre. J'ai même l'impression que je deviens fou. Je pue la transpiration, ma cheville ne ressemble plus à une cheville et personne ne vient me chercher. Je commence à ne plus avoir de forces mais je refuse d'abandonner, si je dois crever c'est auprès de Nico pas ici. Bordel je commence vraiment à perdre patience. J'ai même l'impression qu'on crie mon nom mais je ne sais pas si c'est la réalité ou non. Je ne crois pas en Dieu mais là j'ai envie de lui demander de m'aider parce que je n'ai aucune envie de boire ma pisse et si on ne me retrouve pas rapidement, c'est ce qui risque d'arriver.

27/02

Je ne sais plus vraiment depuis combien de jours je suis ici, j'ai arrêté de compter après le quatrième et vu que le temps ne passe pas ou du moins que j'ai l'impression qu'il ne passe pas je suis perdu. Il a plus la nuit dernière, le feu ne s'est pas éteint grâce à la protection que j'avais fait autour. Mais moi, je suis trempé. Je n'ai plus d'eau, j'ai bu ma pisse ce matin ça va me tenir un peu. Je suis un gars fort qui ne baisse jamais les bras mais là, je n'en peux plus. Je veux juste que tout ça se termine parce que les forces commencent à manquer. Si on ne me retrouve pas dans les prochaines heures, la seule chose qu'on retrouvera de moi c'est mon cadavre. Je rigolais bien d'être coincé, je me disais que c'était chouette comme expérience mais après autant de jours, ça ne l'est plus. Est-ce que les voix que j'entends au loin sont réelles? Je ne sais pas. - Je suis là. Dis-je alors que j'étais persuadé que personne n'allait m'entendre. Bon si je dois mourir j'aurais au moins eu une belle vie et intérieurement je pense à Nico, elle me manque.

01/03

C'est officiel je vais crever ici. C'est pas grave vu que je ne pensais pas vivre aussi longtemps. Après tout, vu les excès que j'ai fais dans ma vie, je pensais pas que j'aurais vécu jusqu'à mes 20 ans. J'ai au moins dépassé ce cap là. Ce qui me fait chier surtout c'est que Nico va se retrouver sans moi alors qu'on avait commencé une belle vie ensemble. Je sais que j'ai fais le con et je sais aussi que si je survis, je vais recommencer mais peut-être qu'à ce moment là, je prendrais des précautions. Je suis affamé, assoiffé et je meurs de froid. Enfin bon, j'imagine que si je meurs aujourd'hui et comme ça c'est que c'est le destin et il faut que je l'accepte.