Submergé. C’était le mot qui lui venait à l’esprit là, tout de suite, quand elle regardait autour d'elle, et qu’elle voyait le bordel qui régnait dans le salon de Kaleb. Dans son salon. Leur salon. La terminologie n’avait en l'occurrence que peu d’importance. Tout ce que voyait la jeune maman c’était ce qui n’avait rien à faire dans cette pièce. Comme les chaussures de Maya au beau milieu de la pièce, balancée hier soir à la va-vite, son cahier de textes qui n’était donc pas dans son sac d’école, puisqu’à moitié plaqué sous la table basse, le panier que Snow avait traîné jusque devant la cheminée, et des cartons, à droite et à gauche. Entre autres. L’hispanique savait pourtant que ce n’était que provisoire, la conséquence du décès d’Anthea et de l’emménagement de Maya chez eux. Et c’était peut-être exactement pour ça que c’était encore plus pénible à ses yeux de voir ce capharnaüm.

Son regard se posa sur sa tasse à café, perdu au milieu d’un tas de papiers sur la table du salon, ceux envoyés par une assistante sociale concernant Maya, et la pompier esquissa une grimace quand le liquide, froid depuis longtemps, toucha sa langue. Ça faisait si longtemps que ça qu’elle se l’était fait couler ? Mais qu’avait-elle fait depuis tout ce temps ?! Lennox n’avançait pas, c’était un fait. Elle se passa fébrilement une main sur le visage, pressant ses tempes au passage, avant de pousser un bref soupir, ses épaules se relâchant d’un coup, comme si elle se donnait du courage. Récupérant un paquet de post-it dans l’un des tiroirs d’une commode, elle entreprit de ranger les papiers, faisant des tas séparés sur lequel elle colla un petit carré portant la mention manuscrite de ce dont il s’agissait, jusqu’à ce que, quelques minutes plus tard, elle put revoir le bois de la table à manger. Le panier du husky retrouva sa place originale, alors que le cahier de texte fila sur le bureau de la gamine, et les chaussures dans le meuble de l’entrée.

Il restait pourtant encore beaucoup à faire quand la sonnette retentit tout à coup, la faisant sursauter bêtement. Lenny grimaça aussitôt, tendant l’oreille de peur que Diego n’ai été réveillé. Elle ne traîna cependant pas, et alla ouvrir avant que son visiteur ne soit tenté d’appuyer une seconde fois sur la sonnette. A peine la porte ouverte, et son regard fatigué s’était-il posé sur le nouveau venu, la pompier ferma un instant les yeux, avant d’attirer Andrea dans ses bras, le serrant peut-être avec un peu trop de force contre elle. Mais elle en avait besoin, et ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’elle faisait. Ils se lâchèrent, alors qu’un léger sourire étirait les lèvres de la jeune femme aux paroles prononcées. “-Beau comme un Dieu ? Attention, tu vas plus passer les portes bientôt !” lui répondit-elle avant de se décaler pour le laisser entrer, au moment où un premier pleur déchirait le silence de la maison. “-Oh non…” lâcha-t-elle, les pleurs s’intensifiant, jusqu’à ce que la brune arrive devant le berceau de son fils.

Lenny essuya ses joues barbouillées de larmes, avant de porter le petit garçon dans ses bras, le berçant un instant contre sa poitrine pour calmer les sanglots, alors qu’elle revenait vers le salon. “-Fais pas attention au bordel. On est encore en train de…s’acclimater à notre vie à quatre.” répondit-elle dans un froncement de nez, en détournant le regard un instant. Sa main glissait dans un geste réconfortant dans le dos de Diego, qui chouinait plus qu’il ne pleurait réellement à présent, son regard sombre posé sur Andrea. “-T’as vu, tonton Andy est venu nous rendre visite. Tu dis bonjour ?” dit-elle à l’attention du bambin, pourtant encore incapable de prononcer le moindre mot. Elle déposa ses lèvres sur le front de son fils, avant de le tendre au jeune asiatique. “-Je peux te le confier ? Quelques instants au moins, le temps d’aller chercher de quoi boire et grignoter ?” demanda-t-elle, songeant par la même occasion que plutôt que grignoter, elle allait en fait prendre son premier repas de la journée, n’ayant pas vu le temps passer, ou plutôt, n’ayant pas pris le temps de manger jusque-là.

Les sourcils de Lennox se haussèrent quand elle vit Andrea tendre les bras avec raideur quand elle lui demanda s’il pouvait s’occuper de Diego quelques instants, alors qu’un air pas très rassuré se peignait sur les traits de la jeune maman. Elle posa son regard sur le petit bébé, avant de le laisser au bon soin de celui qui serait tonton Andy pour lui. Elle avait confiance en celui qui était son petit frère de cœur, et savait qu’il ferait de son mieux avec son fils. Elle non plus n’avait pas fait la maligne la première fois qu’on lui avait demandé de tenir un bébé. Oh non, Lenny n’était vraiment pas à l’aise ce jour-là, et elle s’était contentée d’adresser des sourires pincés au petit bébé qui avait finir par se mettre à pleurer, alors que la brune lui tapotait le dos en lui lâchant de brefs : “-là, là…” qui n’avaient absolument pas apaisé le petit humain.

Quoiqu’il en soit, quand l’hispanique remarqua que son fils ne se mettait pas à hurler dans les bras d’Andrea, la jeune femme se dirigea vers la cuisine, mettant à couler un café. “-Un Coca, ça te va ?” demanda-t-elle, le nez déjà dans le frigo. Pour autant, rien ne trouva vraiment grâce aux yeux de la pompier, qui soupira, et referma sans rien sortir de là. En soupirant, elle récupéra les deux biberons qui traînaient pour les mettre dans l’évier, déposant à côté sa tasse à café à moitié pleine de ce matin, et une assiette qui avait contenu des toasts, finalement donnés aux oiseaux quelques heures plus tôt. Len n’avait jamais été une pro du rangement, mais elle sentait ces derniers temps que la situation était en train de lui échapper, comme si elle était incapable de se ressaissir, de sortir de cette torpeur dans laquelle elle s’enlisait depuis le décès d’Anthea, jour après jour, et qui sapait peu à peu son énergie.

Attirée par la voix de son jeune frère dans la pièce d’à côté, les pas de Lennox la ramenèrent sur le seuil de la porte, contre lequel elle s’adossa, alors qu’elle assistait à la scène avec une expression attendrie sur le visage. “-Il va falloir que tu attendes encore un peu pour qu’il te réponde au moins par un “areuh areuh” en bonne et dûe forme. En attendant, son mode de communication est fait de beaux sourires, de gazouillis incompréhensibles et de pleurs. Mais on s’y fait…” lâcha-t-elle dans un léger sourire, avant de laisser l’encadrement de la porte pour attraper le plateau offert à Nöel dernier par la mère de Kaleb, sur lequel elle plaça son café fumant, qu’elle espérait vraiment pouvoir finir cette fois, ne comptant plus les cafés froids qui s’accumulaient sans qu’elle ne parvienne jamais à les finir, le coca pour Andrea, des gâteaux à la cacahuète, et des biscuits apéro. “-Euh…je suis pas très inspirée pour les encas, alors si t’as envie d’autre chose, tu me dis. On a de quoi faire dans les placards…” lança-t-elle en récupérant le plateau qu’elle vint poser sur la table basse du salon, avant de se laisser tomber sur le canapé en soupirant.

D’un geste empreint d’une certaine lassitude, la jeune pompier se frotta le visage, avant d’attraper sa tasse pour en boire une longue gorgée, manquant de peu de se brûler la langue. “-Si tu es pas à l’aise, ou que tu préfères que je le reprennes, hésite pas à le dire.” souffla-t-elle, alors que le petit bébé semblait plutôt à l’aise avec Andrea. Lenny les observa encore quelques secondes en silence, avant de ramener l’une de ses jambes contre sa poitrine. “-Alors…comment ça va depuis la dernière fois qu’on s’est vus ? Désolée d’avoir été aux abonnées absentes, ça a été un peu…compliqué ces derniers temps.” demanda l’hispanique, pinçant les lèvres sans parvenir à chasser la petite grimace qui s’était invitée sur ses traits, bien malgré elle.

Lennox avait beau se rendre compte qu’elle s’enfermait dans une bulle hermétique à toute présence quand elle n’allait pas très bien, un peu à la manière d’une huître, elle ne parvenait pas à laisser grand-monde se montrer présent pour elle, alors même qu’elle en avait le plus besoin. Elle avait toujours fonctionné ainsi, sans doute une vieille habitude acquise après des années sans réels amis, ni point d’attache, grâce à sa chère génitrice. La pompier tenta néanmoins de paraître détendue, alors qu’elle reprenait : “-Comment ça se passe, avec ta copine ? Bien, j’espère ? Me force pas à avoir le discours de la grande sœur moralisatrice qui te rappelle d’être un gentleman respectueux, sous peine que je te botte les fesses.” lâcha la brune, pourtant incapable d’inviter le moindre sourire sur son visage fatigué.

Si l’humeur de Lenny avait été autre, ou sa fatigue moins grande, elle se serait sans doute amusée de voir comment Andrea se comportait avec le petit Diego entre les bras. Il était inutile de préciser qu’il n’avait pas dû avoir souvent des bébés dans les bras, ni même de souligner qu’il n’était pas du tout à l’aise. Oh oui, elle l’aurait sans doute taquiné en temps normal, soulignant à quel point il semblait sur le qui-vive, comme s’il s’attendait à ce que Diego décide de faire un plongeon en avant à tout instant. Mais aujourd’hui…aujourd’hui, elle trouvait simplement son compte dans le fait de voir son fils dans les bras de celui qu’elle considérait comme son petit frère. C’était une vision à laquelle elle n’avait jamais vraiment pensé, elle qui ne s’était jamais imaginée mère, mais elle était ravie de cette scène qui s’offrait sous ses yeux, dans laquelle elle puisait un certain réconfort.

Les sourcils de la brune se haussèrent légèrement à l’aveu d’Andrea, alors que cette fois-ci, ses lèvres coopéraient pour afficher un pâle sourire : “-Tu t’en sors très bien. Crois-moi, il te l’aurait fait savoir sinon.” souffla-t-elle, les yeux rivés sur le jeune asiatique qui finissait par tenter de s'asseoir sur le canapé, à ses côtés. Une opération réussie, puisque Diego n’avait pas bronché, se contentant d’accorder toute son attention à la poignée de cheveux noirs qu’il avait agrippée et serrait de toutes ses forces dans son petit poing dodu. “-Un vrai pro, tonton Andy !” ajouta-t-elle à mi-voix, ne pouvant résister à l’envie d’attraper le minuscule petit pied pour le faire gigoter un peu, un geste anodin qui dessina pourtant un large sourire amusé sur le visage du bambin.

Après avoir relâché le petit pied, l’hispanique avait pris des nouvelles d’Andrea, ce qu’elle avait un peu trop négligé ces derniers temps, avec presque tout son entourage. Oh, elle entendait bien le téléphone qui vibrait, lisait parfois les sms, mais n’y donnait pas suite, se disant qu’elle le ferait plus tard, plus tard se transformant parfois en jamais. Une chance, il ne lui en voulait pas, et la brune lui adressa un petit hochement de tête reconnaissant, ne prenant pas la peine de préciser qu’elle avait au contraire toutes les raisons du monde de s’excuser. Lennox était pourtant plus qu’heureuse d’entendre que le jeune homme était sur le droit chemin, qu’il avait un travail, que tout semblait aller parfaitement bien pour lui. “-Tu me vois ravie de l’entendre.” répondit la jeune mère, serrant ses poings face à la question qui venait de lui être posée, et à laquelle elle n’avait aucune réponse, se contentant de secouer doucement la tête de droite à gauche. Si elle tenait le coup ? C’était difficile à dire…et Lenny n’avait pas vraiment envie de s’épancher sur ses états d’âme.

Alors, au lieu de ça, elle s’intéressa à la vie amoureuse de son petit frère, espérant que tout roulait avec sa copine, menaçant même sans aucun sérieux de lui faire la morale si jamais ce n’était pas le cas. L’hispanique hocha une nouvelle fois la tête avec satisfaction face à la réponse d’Andrea : “-Un gentleman…c’est exactement ce que je voulais entendre.” dit-elle, avant de rester silencieuse un bref instant face à cet aveu qu’il avait même arrêté de consommer des substances, grâce au soutien de Nico. Inutile de préciser qu’elle rejoignait l’avis de son ami concernant la drogue, et le fait que Diego devait en rester éloigné, très éloigné, pour toute sa vie. “-Tu peux être fier de toi, Andy. Moi je suis fière de toi…hein, on est fiers de tonton Andy ?” répéta-t-elle en titillant une nouvelle fois le petit garçon, qui s’épancha dans un vague gazouillis.

Lenny passa un instant le bout de ses doigts sur les anneaux qui ornaient son cou, reprenant au bout de quelques instants : “-Vous devriez passer dîner un de ces soirs. Maya aura sans doute plein de choses à te raconter. Et elle adore Nicolàa…elle parle d’elle en boucle pendant des jours après vos visites.” souffla-t-elle dans une nouvelle esquisse de sourire, pensant à sa cadette, qui était passée par des jours bien sombres, elle aussi. Il arrivait encore à la gamine de pleurer sa grand-mère, ou de la réclamer au cours d’une nuit agitée, mais elle se montrait si courageuse que cela encourageait l’aînée à l’être tout autant, pour la minimoy. Maya avait définitivement emménagé avec Lenny et Kaleb dans la maison de ce dernier, disant adieu à la maison d’Anthea dans laquelle elle avait grandi jusqu’à maintenant, sans pour autant se plaindre une seule fois. Une vraie petite guerrière.

Le regard sombre de la jeune mère de famille passait du visage rond de son fils à celui d’Andrea, qui lui confiait avoir arrêté de consommer de la drogue depuis qu’il fréquentait Nicolaa. Rien que pour ce détail, Lenny appréciait grandement la jeune femme. Mais il fallait aussi bien admettre qu’elle semblait faire beaucoup de bien à son jeune frère, et qu’elle ne l’avait jamais vu aussi…détendu ? Heureux ? La pompier appréciait cette fierté assumée qui s’épanouissait d’ailleurs sur le visage du garagiste, et un fin sourire étira brièvement ses lèvres en réponse, alors qu’elle hochait doucement la tête : “-C’est un bon état d’esprit. Continue de te répéter ça.” souffla-t-elle en lui tapotant légèrement la cuisse.

L’idée de se retrouver autour d’un dîner germa rapidement dans l’esprit de l’hispanique, Lennox ne tardant pas à proposer à Andrea de venir les rejoindre un soir, Kaleb et elle. Enfin…Kaleb, la minimoy, Diego et elle, plutôt. Cette famille qui était la sienne désormais. Le sourire qui trouva sa place sur le visage de son frère fit office de réponse à sa question, bien qu’Andy ne tarda pas à lui répondre qu’il serait ravi de venir accompagné de sa chère et tendre, une nouvelle qui fit plaisir à la pompier. Elle s’autorisa même un sourire amusé quand il parlait de sa meilleure amie haute comme trois pommes. L’image était amusante, et terriblement vraie également, puisque plus personne n’existait en dehors d’Andy et Nico à chaque fois qu’ils étaient de passage dans leur maison. “-Super ! Tu me tiendras au courant. Bon…par contre, ce sera sans doute pas de la grande cuisine. Mais…tout le monde aime les pizzas, non ?” dit-elle dans une esquisse de sourire, avant de grimacer doucement. Si Anthea était une très bonne cuisinière, capable de tout faire, et que ça soit délicieux en plus de ça, Len était incapable de faire beaucoup plus que mettre de l’eau à bouillir pour y glisser quelques pâtes.

Lenny serra ses doigts fins autour de la tasse de café chaud, sentant à peine la chaleur à travers la porcelaine. Elle se crispa bien malgré elle à la question du jeune homme, avant de soupirer longuement. “-C’est pas facile tous les jours. Des fois, tout va bien, pendant…des jours. Et je me dis que ça y est, elle va mieux, qu’elle va de l’avant, et…le jour d’après, elle pleure toutes les larmes de son corps sans que ce qu’on puisse dire, Kal et moi, ai le moindre effet…” commença-t-elle à mi-voix, en se renfrognant. Lenny ramena l’une de ses jambes contre elle, avant de soupirer une nouvelle fois. Du bout du pouce, la pompier gratta un défaut dans la tasse, qui ne bougea évidemment pas, avant de reprendre : “-J’espère juste…j’espère qu’elle restera cette gamine ultra chouette qu’elle a toujours été, et qu’elle va pas se refermer sur elle-même avec tout ça…” acheva-t-elle, en haussant une épaule, avant de boire une gorgée de café.

Le léger sourire qui trouva sa place sur le visage pâle de Lenny laissa entendre qu’elle appréciait ces quelques mots que venait de lui livrer Andrea. En tant que deux mauvais cuisiniers, ils pouvaient bien se serrer les coudes. Mais au-delà du fait qu’ils étaient tous les deux plus doués pour commander que pour se mettre derrière les fourneaux, c’était surtout de l’entendre dire qu’il se contenterait d’une simple pizza, tant qu’elle était accompagnée de personnes qu’il aimait qui la touchait. “-Alors on fera ça. Des pizzas, et des gens qu’on aime.” répliqua-t-elle, comme une façon implicite de lui dire qu’elle aussi tenait à lui, au-delà de ce qu’impliquaient les mots.

Et une soirée avec d’autres personnes ne pourrait que leur faire le plus grand bien, à tous. Maya adorait les deux jeunes gens, leur présence chez eux lui ferait sans doute plaisir. Lenny en venait à regretter les longs monologues de sa cadette, qui lui manquaient comme jamais. C’était compliqué, par moments, d’arracher plus de quelques mots à Maya, alors qu’en temps normal, elle était presque assoiffée à force de trop parler. La brune espérait malgré tout que sa petite sœur parviendrait à se remettre de cette terrible perte. C’était parfois effrayant de se dire qu’elle était devenue la seule parente de Maya, qu’elle était responsable d’elle, alors même que ses propres parents se la coulaient douce, profitant de la belle vie, elle ne savait où dans le monde. Oh, Lenny aurait adoré dire à ces deux abrutis finis ce qu’elle pensait de leur comportement, de leur immaturité, leur raconter ce qu’ils loupaient au quotidien, car la minimoy était une gosse géniale. Elle ne pouvait pourtant pas s’y résoudre, craignant trop que ces idiots lui enlèvent sa petite sœur. Si elle venait à perdre Anthea et Maya -d’une quelconque façon que ce soit- Lennox n’était pas certaine de savoir s’en remettre.

Ce fut Andy qui la tira de ces considérations déprimantes, alors que Lenny se sentait hochait la tête, désirant croire presque désespérément aux paroles de son frère. Elle avait tellement besoin d’entendre que Maya ne changerait pas, et qu’elle ne perdrait pas sa joie de vivre, cette étincelle de bonheur qui animait chacun de ses gestes et de ses mots. En revanche, l’hispanique ne s’attendait pas à la proposition qui suivit, haussant les sourcils, alors que ses lèvres s’entrouvraient légèrement : “-Tu…voudrais passer toute une journée avec les petits ?” répéta-t-elle, comme si elle pensait avoir mal entendu, ou qu’elle laissait à Andrea la possibilité de se rétracter. Elle le sonda de son regard de longues secondes, avant de froncer légèrement les sourcils : “-Ils sont mignons tous les deux, et Diego n’est pas un enfant compliqué, mais je ne voudrais pas que ça puisse te convaincre de pas avoir d’enfant.” ajouta-t-elle, pourtant incapable de sourire réellement.

La jeune femme attrapa le plaid replié sur l’accoudoir pour le déposer sur ses genoux, alors qu’elle finissait par ajouter : “-Maya apprécierait sans doute d’aller dans un parc d’attractions, c’est vrai…ou même à l’aquarium. T’es sûr que ça te dérange pas ? Elle risque peut-être de pleurer, ou de te parler d’Anthea, j’ai pas envie que ça te mette mal à l’aise…” souffla-t-elle, ayant bien conscience que tout le monde ne savait pas réagir aux larmes des enfants, à leur tristesse, à leur détresse. Malgré tout, il fallait bien admettre que ça pouvait être une bonne idée, qui aiderait peut-être la gamine à penser à autre chose le temps de quelques heures.